Éditorial

 

« L’artiste fait des liens en permanence, tout comme l’enfant. Il s’agit d’établir des liens entre des mondes, de créer des libres associations qui font sens. »

Extrait de l’entretien avec Yto Barrada

 

L’édition 2023 se dessine avec le désir de poursuivre le chemin parcouru depuis plus de 50 ans et d’inventer un festival responsable en perpétuel mouvement, un festival passionné par ce que les œuvres interrogent de notre société, ce qu’elles sollicitent dans nos imaginaires et ouvrent comme nouvelles trajectoires pour chacune et chacun.

 

Un Automne inventé comme une invitation sans limite à partager des moments de découverte et de plaisir, dans 72 lieux partenaires à Paris et en Île-de-France. Chaque discipline, théâtre, danse, musique, arts plastiques et cinéma, y est présentée, avec ses caractéristiques, sa temporalité, ses personnalités, occupant les espaces qui lui conviennent. Cependant, tout se déroule sous le même étendard, celui de la force des liens, tel un dialogue constructif et incessant entre les formes, les générations d’artistes, les pays, les langues et les personnes.

 

Ces valeurs fondatrices d’ouverture et de partage, le Festival d’Automne les affirme aujourd’hui à travers des actions imaginées avec les artistes au service des publics. L’accessibilité des œuvres, mais aussi la transmission et la pratique, doivent pouvoir concerner les publics les plus divers. C’est ainsi que nous avons engagé les alliances entre culture et éducation, santé, jeunesse étudiante et champ social. Par exemple, les programmes d’Éducation Artistique et Culturelle mêlant spectacles, rencontres, expositions, pratique et transmission artistique sont menés par l’équipe du Festival et concernent directement plus de 2 000 jeunes du territoire francilien.

 

Ce désir de poursuivre le chemin peut signifier revenir à d’anciennes amours, à des pays avec lesquels nous avons toujours entretenu de riches échanges, comme les États-Unis. Ainsi en va-t-il d’un programme améri-cain où l’on retrouve les chorégraphes marquantes de la post-modern dance Lucinda Childs ou Trisha Brown, mais aussi le compositeur Philip Glass avec Einstein on the Beach, mis en scène par Susanne Kennedy, artiste invitée pour la première fois à Paris.
États-Unis encore, à travers le Portrait Trajal Harrell construit comme une traversée inédite de l’œuvre de l’artiste entre butô et scène new-yorkaise du voguing, musées et théâtres.
États-Unis enfin, avec un programme associant toutes les disciplines jusqu’aux arts visuels, avec la double exposition de Yto Barrada, photographe franco-marocaine vivant à New-York, à l’origine de la couverture de ce programme.

 

Le Festival d’Automne renouvèle son invitation aux artistes qui tissent son histoire, comme celle du Portait Pierre-Yves Macé – compositeur dont la musique se distingue par la diversité de ses écritures, des formes concertantes aux partitions musicales d’œuvres dramatiques ou chorégraphiques – cheminant aux côtés du Festival depuis plus de 10 ans. 
L’automne offre aux publics des temps forts en partage : en septembre, le programme d’ouverture composé de trois œuvres immersives et la carte blanche confiée à la réalisatrice Alice Diop au CENTQUATRE lançant en novembre le deuxième épisode de la saison automnale.

 

La continuité n’empêche évidemment pas l’invention de nouvelles entrées dans le programme du Festival. Les Focus apparaissent ainsi comme une invitation multiple, alliant créations et œuvres majeures, photographie de l’actualité d’une artiste. Cette année, Susanne Kennedy et Nadia Beugré sont à l’honneur. Le Répertoire, imaginé dans le souci de la plus grande circulation et durabilité des spectacles, se compose de 12 projets cette année, renforçant la coopération entre les lieux culturels de  Paris et d’Île-de-France. Cette même conviction pousse le  Festival à développer son rôle d’organisateur de tournées euro-péennes pour des artistes internationaux conjuguant ainsi efficience écologique et pertinence économique. 

 

L’ouverture au monde, le dialogue entre les cultures, tout autant que l’attention portée aux différents territoires, constituent les fondements majeurs de transformation et d’actions du Festival et permettent l’alchimie entre les 82 projets de cette édition. Avec 5 continents, plus de 20 pays et une riche cartographie de récits, de formes et de personnes, le Festival cherche à dessiner une géographie plus complexe et plus libre.

 

Il me tient à cœur de remercier l’équipe du Festival pour son engagement sans faille, de saluer tout particulièrement Joséphine Markovits pour son travail exceptionnel durant toutes ces années et d’exprimer ma joie de l’arrivée de Francesca Corona au sein de notre équipe.
Je remercie également les partenaires publics, le ministère de la Culture, la ville de Paris, la région Île-de-France et très chaleureusement l’ensemble des Amis du Festival d’Automne à Paris pour leur soutien, qui permettent d’accompagner les transitions et les développements en pleine confiance.
Je remercie aussi l’ensemble des lieux partenaires qui, à nos côtés, participent pleinement à rendre concrets nos engagements.
Enfin, merci à chaque spectatrice et spectateur pour sa fidélité et d’oser chaque année à nos côtés le pari de l’audace et de l’inattendu.
En cette édition 2023, nous sommes heureux et heureuses de vous inviter à poursuivre ensemble cette quête de beauté, de rencontres et de sens, tel est l’esprit d’Automne.

 

Emmanuel Demarcy-Mota 

Directeur général